Le secret est dans la sauce

Et non, il n’est pas question de faire référence à un film des années 90. Il s’agit bien de cuisine ici, cuisine africaine en l’occurrence (vous comprendrez que je n’ai pas l’intention de parler de cuisine birmane alors que je suis en Guinée). Ayant l’honneur de connaître des gens formidables, et dont certains avait eu la chance (bon en fait, le terme c’est «l’initiative» plutôt que chance, mais je ne veux pas que d’autres se sentent mal) d’avoir fait un séjour dans cette formidable terre africaine (y aurait-il corrélation entre l’aspect formidable d’une contrée et les gens qui s’y rendent?).  Bref, l’un des aspects (culinaire) qui revenait souvent est le concept de riz-sauce. C’est le plat «national» de l’Afrique de l’Ouest. Vous direz que je prends large à parler d’une nation pour 15 pays africains, mais c’est que je trouve que géographiquement ce sont les cartes qui prennent large en parlant d’une seule nation pour un pays africain (alors je me permets cet écart, au point où on en est). Bref, le riz-sauce, vous allez en manger si vous venez en Guinée.

Mais c’est un peu réducteur de parler de riz-sauce. Ça laisse l’impression qu’il y a un seul plat.  Il faut comparer à si on disait que le plat typique de chez nous est un morceau d’animal avec une plante ou une céréale en accompagnement.  C’est simplement qu’ici ils ne ressentent pas le besoin de nuancer et de trouver des termes fancy comme poulet cordon-bleu en sauce béchamel aux herbes de Provence. Mais bon, le nom n’est pas mal choisi : vous avez un plat de riz cuit ou étuvé, accompagné d’une sauce bien relevée dans laquelle on peut mettre un peu tout ce qui nous tombe sous la main (légumes, haricots sec ou pois chiches, courge, viande, poisson fumé, salé ou «frais»).

Malheureusement, l’impact psychologique sur l’étranger en Guinée est qu’il mange toujours la même chose, du riz-sauce, et il s’ennuie de ses plats aux noms éloquents. J’aimerais bien leur remonter le moral en trouvant des noms poétiques aux diverses variantes, mais ces distinctions n’existe pas en langue soussou. En contrepartie, je ne les laisserai pas dans l’angoisse et le désespoir gastronomique dans cette apparence de désert culinaire, j’ai une technique personnelle à proposer. Vous sautez un repas de temps en temps, ça vous diminuera déjà la sensation de fréquence de répétition, et en plus, comme vous serez affamé le repas suivant, vos sens en éveil, vous serez en mesure de distinguer les nuances et savourer la profondeur des variantes : la sauce n’est jamais la même, même si vous en manger un millier de fois. Ce n’est jamais le même plat.

Mais bon, on m’a dit que c’était trop brutal comme méthode et que dans certains contextes contredit la convention de Genève. Alors comme alternative, vous pouvez aussi utiliser le fait de connaître cette variété et simplement prendre le temps de savourer chaque bouchée, parce que vous n’êtes pas pressé, vous êtes en Afrique. Je soupçonne même que ça n’existe pas en soussou, « être pressé ». Alors je vous souhaite bon appétit, parce qu’on n’a pas besoin de souhaiter ça, ici. 1er mars, à suivre.

About Miguel Costa

Montréalais de 30 ans actuellement en Guinée, partagé entre la découverte de la riche culture guinéenne et le travail à accomplir pour l'amélioration des cultures d'une communauté rurale. Have fun,
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